HENRI SAULDUBOIS Peintre montbéliardais 1898-1981 |
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Enfance et jeunesse |
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Guerre 39-45 | Après guerre | 1952-1974 | Retraite | ||||
La
deuxième guerre mondiale (1939-1945) Bien des événements - plutôt
inquiétants - ont lieu un peu partout en Europe. Notre pays n'est pas
épargné :
il vit une sérieuse dépression économique, avec bien des agitations et
même de
vastes mouvements de grèves en 1936, avec occupation d'usines un peu
partout.
La situation internationale va s'aggravant et on parle sérieusement de
guerre... septembre 1938 voit une première mobilisation. Les craintes
se
confirment avec la déclaration de guerre le 3 septembre
1939.
Notre
père se trouve mobilisé au fort du Mont-Bart, avec d'autres
montbéliardais : messieurs Billerey, libraire dans la grand'rue,
Ralite,
commerçant en chaussures, Ernest Lévy et Renaud, ce dernier, de Bart.
L'hiver
39/40 est rude et froid : –35°C, au sommet du Mont-Bart ! Les
baraquements, à
l'extérieur du fort, qui servent à l'hébergement de ces messieurs sont
franchement
impossibles à chauffer. Un certain matin, les moustaches de monsieur
Renaud, se
trouvent gentiment agrémentées de givre ! En mai 1940, Henri Sauldubois
se
retrouve à Toul pour y être démobilisé, en compagnie d'un autre
montbéliardais
du faubourg de Besançon : Georges Donzé. Ils y essuient un
bombardement
aérien.
Vers le 15 juin 1940, comme beaucoup de monde à ce moment là, et surtout parce que nous habitons tout près de la gare de marchandises, lieu d'embarquement et de débarquement des troupes et du matériel, Henri Sauldubois, mon père, juge plus prudent de quitter l'avenue des Alliés. Nous allons donc connaître la débâcle... Quelle tristesse ! Au cours d'un arrêt à Valentigney, chez une sœur de notre mère, il est décidé que sa fille nous accompagnera le reste du voyage. Les nouvelles sont mauvaises : les Allemands arrivent à Luxeuil. Les jeunes gens s'enfuient sur leur vélo. Les civils possédant un véhicule s'y entassent, emportant avec eux tout ce qui est possible. C'est la panique. Nous devions retrouver grand'mère Sauldubois et la famille paternelle près de Nîmes, après un autre arrêt de quelques jours chez une autre sœur de Maman, à Vienne, dans l'Isère. Pour nous, les jeunes, reste le souvenir d'une période trouble, aventureuse. Les adultes, eux, sont soucieux et anxieux. Pendant l'exil, pour tromper l'attente, Henri retrouve ses chers crayons, pinceaux, cartons et peintures. A cette époque, de fraîches et lumineuses aquarelles voient le jour. Toute sa sensibilité y transparaît. Ah ! La lumière du midi ! L'été
passé, les choses et les gens reprennent leur place, les événements
modèlent
différemment notre beau pays : Commence
alors la première des quatre années d'occupation, années sombres et pas
faciles, douloureuses aussi. Le travail et les santés supportent le
contre coup
des restrictions de toutes sortes imposées par l'occupant, avec la
rigueur des
cartes d'alimentation. Mais il faut garder le moral et tenir.
Pour
donner une idée de ce que nous vivons à cette époque, on peut lire dans
la
presse locale d'alors, "Le Pays", en 1942: Répartition
de légumes frais, ration de vin, distribution de carte de
lait, carte de pomme de terre, réglementation de la braise de
boulangerie, bons
de chaussures et textiles, distribution de confiture, tickets de
carburant,
lutte contre le doryphore, colis aux prisonniers de guerre, rappel à
l'ordre
pour l'obscurcissement des fenêtres par le maire, monsieur Bermont. Il
faut
faire en sorte qu'aucune lumière n'apparaisse au dehors, aussi bien
chez les
particuliers que dans les bâtiments publics et le long des routes
(mesures
décrétées par l'occupant contre les incursions aériennes des Alliés).
Des
cartes de jardinage sont attribuées par la ville pour quatre ans aux
familles,
en complémentarité des faibles rations. Distributions de savon, d'œufs.
Pour
les bonbons vitaminés, se munir de la carte d'alimentation et du livret
de
famille. Réquisition des chevaux, organisation de colonies de vacances.
Le
marché noir (marché parallèle, plus cher et sans ticket)
sévit.
Les
écoliers et collégiens que nous sommes reçoivent des tickets à faire
honorer
chez les libraires, pour percevoir les cahiers nécessaires mais pas
assez
nombreux : on apprend ainsi à économiser le papier ! Pour les tickets d'alimentation, la population est organisée en différentes catégories : A pour adulte, J1, J2, J3 pour les enfants et adolescents. T pour travailleurs de force, V pour les personnes âgées. Les femmes enceintes et les mères de familles nombreuses ont droit à des allocations spéciales et des cartes de priorité. Il
semble bien qu'au cœur de l'homme existe toujours le désir de
s'exprimer, et
justement peut-être plus encore pendant les périodes de guerre et de
conflits.
Ce sont les jaillissements de la musique, de l'écriture, de la peinture
qui
disent la vie, l'espoir, la lutte, le désir de liberté.
A
la suite de l'exposition de Jules Vittini, le
12 mai 1942, se
déroule au château
l'inauguration du deuxième salon des artistes montbéliardais, par
monsieur le
sous-préfet de Verbizier, le maire Bermont et Duvernoy de De
notre père, il est dit :"Un revenant, avec ses vieilles au marché,
riches
de malice et d'humour".
Au
théâtre, on donne alors : "Ces dames aux chapeaux verts". On a besoin
de telles pièces pour soutenir le moral ! C'est encore cette année-là
que la
couverture de C'est
aussi l'année où, pour les Juifs, le port
d'un insigne (une étoile jaune) devient obligatoire.
Celle-ci brille au
clocher de Saint Mainboeuf à Noël et dans la crèche, Encore
une exposition à signaler en cette même
année : du 10 au 18 octobre 1942, se déroule l'exposition d'automne, à
l'atelier 42, n° 5 de la rue des Etaux, atelier de dessin et sculpture
ouvert
par Melle Simone Laithier, sculpteur et Roger Comte, peintre. Des
peintres du
Pays de Montbéliard exposent quelques-uns unes de leurs oeuvres :
Paul-Elie
Dubois, Pierre Jouffroy, Robert Pillods, Henri Sauldubois, Roger
Valfrey. La
relation en est faite par Georges Becker dans le Pays de l'Est du 13
octobre
42. Il dit de notre père: "Sauldubois offre deux vues d'un coin de
Montbéliard aujourd'hui disparu et
deux bons portraits.
Les deux dessins surtout sont d'une
fraîcheur agréable." et d'ajouter :"Cette exposition fut un véritable
succès". Ces
détails, nous ont été très aimablement communiqués par Madame René
Clerc,
décédée le 5 octobre 1990. Elle m'avait reçue en mai de la même année.
En
1976, peu de temps avant sa disparition, René Clerc avait fait une
conférence
au CIPES, dans laquelle il faisait allusion "aux dessins et caricatures
pleins d'humour et de vérité d'Henri Sauldubois." La
caricature exprime beaucoup de choses : c'est la justesse du ton, du
trait mais
l'humour n'y est pas toujours légèreté. C'est aussi l'exagération d'un
travers
ou d'un défaut, d'un événement, d'un homme, ou d'un groupe. Le coup de
crayon
d'Henri Sauldubois y excellait.
La
libération n'est pas loin lorsqu'un jour le chef de Puis,
après plusieurs mois d'attentats, de rafles, de batailles dans
la région, avec les maquis : Ecot, Etobon, Lomont, Saulnot, et combien
d'autres, Deux
dessins sortent du cœur et des doigts de notre père : Le Coup de
pied "a tchu" et l'Accueil du Libérateur. Le premier est le plus
connu. L'Est Républicain du 5 novembre 1965 nous dit : "Il a débordé le
cadre de
Titre de couv. : "H. Sauldubois, peintre témoin de son temps". - DL 01-23669 (D4). - 920 (Br.) : 150 F. Sauldubois, Henry (1898-1981) -- Biographie BN 02686124 01-48063 |
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